Barack et Nicolas, deux Américains en Normandie
06 juin 2009
Non, je ne parlerai plus des élections européennes... jusqu'à lundi !
En revanche, la visite de Barack Obama en France m'inspire deux réflexions.
1) Nicolas Sarkozy a décoré un ancien militaire américain ayant participé au débarquement du 6 juin 1944 : William Dabney. Très bien ! Mais quel acte héroïque a donc accompli William Dabney pour mériter un tel honneur de la France ? Une dépêche AFP nous le révèle : "Le bataillon de William Dabney se servait de ballons ascendants pourvus de câbles métalliques pour intercepter les avions allemands volant à basse altitude". Les ballons perdus, "nous nous sommes enterrés dans le sable pendant deux jours environ pour sauver notre peau", raconte William Dabney. Je ne critique pas : peut-être aurais-je réagi de la même façon. Mais dans ce cas je n'aurais pas mérité d'êre décoré.
Alors, pourquoi diantre William Dabney a-t-il été décoré ? Mais tout simplement parce qu'il a le pigment de la peau de couleur noire. Et que notre président de la République ne s'est pas conduit en Français mais en "Sarkozy l'Américain".
Car en France il n'y a pas de communautés. Et lorsque la France rend hommage aux soldats américains morts pour sa liberté, elle rend donc hommage à TOUS les soldats américains. Elle n'a pas à importer de l'étranger je ne sais quel communautarisme racialiste et anti-républicain en rendant hommage à une fraction du peuple américain. Nicolas Sarkozy, pourtant, l'a fait.
2) Barack Obama avait auparavant prononcé, en Égypte, un discours égratignant la laïcité française sur la question du voile islamique.
C'est peut-être dans l'esprit américain que de se la jouer petits arrangements entre gentils fondamentalistes (chrétiens aux États-Unis, musulmans en Égypte) contre méchants défenseurs de la laïcité (nous, les Français). Giflant ainsi, au passage, tous les combattants de la laïcité et des droits de l'Homme (femmes comprises bien entendu : je ne saucisonne par l'humanité) dans les États musulmans !
On aurait alors pu s'attendre à ce qu'un président de la République française réaffirme sur le territoire de la République les valeurs républicaines intangibles. Même pas. Pire : qu'a fait "Sarkoy l'Américain" ? Il a déclaré être "totalement d'accord avec le discours du président Obama, y compris sur la question du voile". (il est vrai que lors des travaux préparatoire de la loi sur le port de signes religieux ostentatoires à l'école, Nicolas Sarkozy avait, à lépoque, lancé ses chevau-légers contre les conclusions de la mission Debré : communiqué du 4 décembre 2003 signé par Christian Estrosi, Christian Vanneste, Alain Joyandet et Pierre Cardo).
Bon, je sais, on va m'accuser d'anti-sarkozysme primaire. Mais ce n'est pas ma faute, moi, si l'"enfant barbare" n'en rate pas une !
3 commentaires
Il avait même proposé la solution médiane du "bandana" alors qu'il était ministre.
Des deux grandes décisions de Chirac (2e mandat) les plus appréciées des Français, le veto à la guerre d'Irak et la loi sur les signes religieux, on sait aujourd'hui clairement qu'il était à rebrousse-poil.
Encore avec le "communautarisme racialiste et anti-républicain" c'est décidément une obsession, vous en voyez partout.
Je ne connais pas l'histoire de William Dabney mais je trouve votre explication assez tortueuse sinon farfelue.
Peut être il tout simplement un des rares survivants n'ayant pas encore été décoré. Doivent-ils être tous décorés ? Il y a 60 ans, probablement pas. Aujourd'hui, décorer un vétéran, c'est plus parlant que de poser une gerbe et c'est honorer la mémoire de tous ceux qui se sont battus et qui nous ont quittés depuis.
En grand républicain que vous êtes, je suis étonné que vous trouviez à redire à la décoration d'un ancien combattant avec une histoire aussi fumeuse.
A moins que vous n'ajoutiez l'anti-américanisme primaire à la longue liste de vos "anti" ?
Vérification faite, William Dabney est le "dernier survivant connu du 320e Bataillon de barrage antiaérien, presque entièrement composé de Noirs" et "Une commission de la Maison Blanche chargée de veiller à la commémoration de la mémoire des soldats morts au combat soulignait mercredi dernier que c’était la première fois que le 320ème bataillon constitué de nombreux pilotes noirs verra reconnu leur sacrifice et de leur rôle dans la bataille de libération de la France face à l’Allemagne de Hitler"
Donc c'est le dernier et vaut mieux tard que jamais.
...bien au contraire ! Je suis absolument scandalisé par cette manie de décorer les derniers anciens combattants vivants de telle ou telle guerre. C'est une prime au vivant qui constitue une véritable injure envers ceux qui sont déjà morts et qui auraient éventuellement davantage mérité une décoration. J'avais eu exactement la même réaction en ce qui concerne les derniers anciens Poilus (l'un d'entre eux le disait d'ailleurs très bien).
Par ailleurs, ce n'est pas de l'anti-américanisme primaire que de penser que ce n'est pas la faute de la France si les États-Unis ont pratiqué jusqu'en 1948 une ségrégation raciale dans leur armée. Alors, "mieux vaut tard que jamais" quoi ?
Enfin, oui, je suis hyper-inquiet - et donc peut-être un peu obsédé - par la montée du racialisme en France, qu'il s'agisse du racisme (version méchante du racialisme) ou du communautarisme (version gentille du racialisme).
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