Les trois défis de Xavier Bertrand à la tête de l'UMP
24 janvier 2009
Xavier Bertrand n'a pas chômé depuis son départ du gouvernement... Une semaine n'était pas de trop pour élaborer en compagnie de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant et Brice Hortefeux le nouvel organigramme de l'UMP, qui sera validé ce samedi par un bureau politique et un conseil national. Un avant-goût de ce qui attend celui qui exerce déjà, par intérim, la fonction de secrétaire général. "Xavier Bertrand joue gros dans cette affaire", résume un ministre qui préside lui-même une autre composante de la majorité.
Les élections européennes du 7 juin constitueront son premier rendez-vous électoral. Le choix des têtes de listes, qui seront également annoncées ce samedi, a d'emblée constitué un casse-tête de même niveau de difficulté que l'organigramme partisan. Surtout, et le nouvel homme fort de l'UMP le sait bien, les européennes sont rarement favorables au parti au pouvoir, même si la majorité espère récolter les fruits de la présidence française de l'Union européenne. Alors rue La Boétie, au siège, on se rassure comme on peut. "C'est sans risque pour Xavier Bertrand, tempère un membre de la direction sortante. Il va avoir à affronter des échéances intermédiaires où on ne peut que faire mieux." En 2004, les élections régionales et européennes avaient, en effet, été catastrophiques pour l'UMP.
Reste que la capacité de Xavier Bertrand à mener son parti dans la bataille des européennes sera évaluée autour de la réalisation ou non de deux objectifs. D'une part, finir en tête à l'échelon national : en 2004, le PS (29%) avait largement distancé l'UMP (17%). Un objectif atteignable à en croire les derniers sondages non publiés, où l'UMP (autour de 25%) devance le PS (en dessous de 20%). D'autre part, maintenir le même nombre d'élus (17, auxquels s'ajoute un ex-UDF). Objectif qui sera en revanche plus difficile à réaliser, étant donné qu'il y aura pour la France six sièges de moins au Parlement européen qu'en 2004.
Autre défi pour Xavier Bertrand : faire vivre le parti. Pendant toute la durée du quinquennat, l'UMP n'a plus de président légitimé par une élection au suffrage universel direct de l'ensemble des adhérents, mais un simple secrétaire général désigné par le bureau politique. En faisant ce choix, dans la foulée de son élection à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy a écarté le risque de subir la déconvenue de Jacques Chirac en 1999 : l'élection surprise, par les militants du RPR, d'un président (Michèle Alliot-Marie) contre le candidat poussé par l'Élysée (Jean-Paul Delevoye).
"Xavier Bertrand devra faire mieux que Patrick Devedjian en termes d'adhérents, explique un proche de Nicolas Sarkozy. Son seul objectif pratique est de faire passer le parti au-delà des 300 000 adhérents." Après avoir atteint 370 000 membres l'année de la présidentielle, la formation ne revendique plus "que" 277 000 adhérents. "Le parti est aujourd'hui très essoufflé, admet un ministre membre de sa direction. Les municipales nous ont donné un coup sur la tête et nous devons nous reconstruire une base militante. Mais ce n'est pas seulement une question d'organisation, c'est aussi une question d'envie."
Cette dernière idée revient comme un leitmotiv dans la bouche des ténors de la majorité. "Patrick Devedjian n'avait pas très envie, affirme un futur membre de la direction du parti. Les militants ont besoin d'être cajolés. Ils ont besoin de proximité, de toucher un leader. Xavier Bertrand a bien compris ce que les militants attendaient." De fait, l'ancien ministre du travail et des affaires sociales, unanimement présenté comme quelqu'un qui "aime la vie partisane", compte tourner dans les fédérations. Dès le lendemain de son intronisation, il effectuera d'ailleurs un déplacement dans le Val-d'Oise sur le thème – ô combien sensible – du travail dominical.
Enfin, au-delà du parti, l'intéressé devra trouver sa place au sein de la majorité, entre l'"omniprésent" président de la République et le président du groupe à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé. Face au double effacement du premier ministre et du parti, ce dernier s'est en effet imposé comme l'interlocuteur direct de l'Élysée. Tandis que Nicolas Sarkozy ne compte apparemment pas laisser beaucoup d'autonomie à Xavier Bertrand. C'est plus qu'un symbole : le chef de l'État est attendu en personne pour clôturer le conseil national. "Le parti est donné et non conquis", rappelle le ministre UMP. "Le parti, c'est son arme et son jouet, renchérit le proche de Nicolas Sarkozy. Si on se prend une déculottée aux européennes, son organigramme explose."
Laurent de Boissieu
© La Croix, 23/01/2009
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