La loi du clan ?
02 septembre 2008
Dominique Rossi, coordonnateur des services de sécurité intérieure auprès du préfet de région Corse, a été soudainement relevé de ses fonctions, lundi soir, par un coup de téléphone du ministère de l'Intérieur. Samedi, la résidence secondaire de Christian Clavier, ami personnel de Nicolas Sarkozy, avait été occupée par les indépendantistes corses...
De deux choses l'une. Soit l'affaire de l'occupation de la propriété d'un intime du président de la République n'est qu'un prétexte pour se débarrasser d'un fonctionnaire déméritant et depuis longtemps dans le collimateur de la Place Beauvau.
Soit il y a bien une relation de cause à effet entre l'occupation de samedi et le limogeage de lundi. Dans ce cas, il s'agit d'un véritable scandale, preuve (supplémentaire) de la conception clanique du pouvoir de Nicolas Sarkozy. La résidence secondaire de l'acteur n'a en effet ni été saccagée ni cambriolée. Elle a "simplement" été occupée. A-t-on relevé de leurs fonctions tous les directeurs de la sécurité publique ou commandants du groupement de gendarmerie des départements où un citoyen Français "ordinaire" a vu son domicile violé ou sa voiture brûlée (sans même parler d'atteintes à la personne !) ? Je cite rarement positivement des personnalités politiques sur mon blog, mais pour une fois je tiens à partager avec vous la réaction de François Bayrou : "Autrefois, on avait le crime de lèse-majesté. Aujourd'hui, on a le crime de lèse-copain de la majesté".
2 commentaires
D'accord à 1000%.
D'autant que Clavier, prévenu au téléphone pendant les faits, a demandé au gardien qu'on serve des rafraîssements aux nationalistes (selon le témoignage du gardien sur RTL), ce qui pourraît changer juridiquement cette violation de domicile (aux allures de pique-nique bon enfants à en juger par la photo de Libé du 3 septembre page 6, en bas) en invitation.
D'autant également qu'il semble que Dominique Rossi est un fonctionnaire droit et efficace (le nombre d'attentats en Corse a fortement diminué) qui ne méritait pas celà. Et que cette sentence irréfléchie (?) affaiblit (dans les faits et au niveau de son image) la police républicaine en Corse (comme si on avait besoin de celà).
C'est aussi un révélateur. De plus en plus, le sommet du pouvoir ressemble à un petit clan soudé de nouveaux riches fascinés par le luxe, flattés par une petite Cour du show-biz (pas toujours dans ses éléments les plus fins, cf. Clavier, Bigard, etc.) et étroitement acoquiné avec les grands patrons.
Un curieux attelage "people" (quel mot horrible..) de gens qui doivent être sincèrement persuadé d'incarner le modèle de la réussite moderne (villas, yachts, rolex, marques de luxe, and co relayés par les Gala, Voici et autres Closer) aux yeux d'un bon peuple français fasciné, et en fait l'esprit raratiné par l'abrutissement télévisuel.
Incontestablement, il s'agit d'une trahison de l'idéal politique classique fait d'une retenue, d'une discrétion et d'une sobriété qui signifiaient aussi bien laprise en compte du sérieux des responsabilité exercées, que le bon goût, la primauté données aux richesses intérieures et l'éloignement des tentations afin de maintenir le principe d'indépendance du pouvoir politique vis-à-vis, notamment du pouvoir économique.
Soupirs...
100% d'accord aussi.
C'est inadmissible. Dans quel pays vivons-nous ?
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