Représentant(s) de la Nation
07 juin 2008
Je critique beaucoup sur mon blog. Mais, pour une fois, en tant que citoyen français, je me réjouis du déplacement de Nicolas Sarkozy au Liban. Un symbole pour cet État ami meurtri.
Je m'étonne toutefois de la nécessité qu'à ressentie Nicolas Sarkozy de s'y rendre entouré des dirigeants des principaux partis politiques représentés au Parlement. Preuve supplémentaire que la vision gaullienne du président de la République - l'Homme de la Nation au-dessus des partis - appartient définitivement au passé : pour montrer qu'il représente la Nation, le président de la République est désormais obligé de venir entouré des différentes composantes politiques de ladite Nation.
4 commentaires
Le président de la République en tant qu'homme de la nation et non des partis est, quand même, de facto,largement une fiction sous la Ve République.
Déjà, au temps du général de Gaulle, l'existence de partis gaullistes politiquement opposés à d'autres partis, anti-gaullistes, le démontre. Et encore, dans le cas du général, peut-on penser qu'un vrai lien personnel existait entre lui et chacun des français, d'autant qu'il a reçu des soutiens de toutes origines (d'anciens communistes à d'anciens maurassiens).
Mais, après lui, il est incontestable que le président de la République est simplement, de facto, le chef de la majorité et du parti majoritaire. Devenu chef de parti, le chef de l'Etat a du mal à représenter l'ensemble de la nation.
C'est une tendance inévitable. Pour l'éviter, il faudrait que le chef de l'Etat soit détaché du jeu des partis et des majorités.
- Qu'il soit par exemple une personnalité de haut vol peu engagé depuis plusieurs années incarnant la sagesse et la pondération (style Badinter, Rocard, etc.),
- ou une personne réalisant un certain consensus auprès des Français sans pour autant venir de la politique (David Douillet ? Zinédine Zidane ? Noah ? Soeur Emmanuelle ? Nicolas Hulot ?)
- ou... un monarque non élu.
- ...ou un monarque élu !
C'est le sens même de la fonction présidentielle sous la Ve République, même s'il s'agit il est vrai en partie d'une fiction, c'est une fiction nécessaire. Sauf à changer de régime, ce qu'on peut très bien vouloir faire (Nicolas Sarkozy et François Fillon le voulaient à l'origine) mais, alors, qu'on l'assume pleinement !
Imaginait-on Charles de Gaulle, François Mitterrand ou Jacques Chirac avoir besoin d'aller au Liban avec les dirigeants des principaux partis politiques afin de signifier qu'il parle au nom de la France et non en son nom propre ?
C'est bien la pratique de Nicolas Sarkozy - tirant, il est vrai, les conséquences du quinquennat - qui est à l'origine de cette dérive, de cette banalisation de la parole du président de la République (= celle du premier ministre) !
Je ne partage pas votre avis, justement : cela me paraît bien plus productif que le Président se rende avec les principaux responsables politiques au Liban ; au moins, on peut espérer qu'il y sera plus pondéré dans ses propos, et puis cela montre justement que les relations avec le Liban ne sont pas celles d'une seule faction en France.
"pas celles d'une seule faction en France" (je vous cite). Voilà qui ne fait que renforcer mon propos initial : "pour montrer qu'il représente la Nation, le président de la République est désormais obligé de venir entouré des différentes composantes politiques de ladite Nation" (je me cite).
Les commentaires sont fermés.