Polémiques autour de la Lettre de Guy Môquet
22 octobre 2007
La "première décision" de Nicolas Sarkozy en tant que président de la République a été de demander la lecture, tous les 22 octobre, de la dernière lettre écrite à sa famille par Guy Môquet, arrêté le 13 octobre 1940 pour "infraction au décret du 26 septembre 1939 portant dissolution des organisations communistes" et fusillé par les occupants allemands à 17 ans le 22 octobre 1941.
Cette décision a suscité des oppositions de deux formes.
1. Une opposition "libertaire" :
Ces opposants dénient à l'État le droit de demander aux fonctionnaires de l'éducation nationale "d'expliquer à nos enfants ce qu'est un jeune Français, et de leur montrer à travers le sacrifice de quelques-uns de ces héros anonymes dont les livres d'histoire ne parlent pas, ce qu'est la grandeur d'un homme qui se donne à une cause plus grande que lui" (Nicolas Sarkozy, le 16 mai 2007). C'est cette opposition qui a profondément choqué le gaulliste Henri Guaino, conseiller spécial du président de la République.
2. Une opposition "résistante" :
Ces opposants estiment que le choix de Guy Môquet pour symboliser la jeunesse résistante n'est historiquement pas pertinent. Guy Môquet n'était en effet pas un résistant mais un otage. S'il a distribué des tracts clandestins, c'étaient ceux de la direction clandestine du Parti communiste, qui suivait la ligne du pacte germano-soviétique* (contrairement à d'autres militants communistes, authentiques résistants dès 1940). Bref, Guy Môquet est un peu à la Résistance ce que Joseph Bara est à la Révolution française. La lettre de Guy Môquet à sa famille est en outre une lettre intimiste sans portée historique. Il aurait donc été plus pertinent de commémorer, par exemple, les Cinq Martyrs du lycée Buffon ou les jeunes Martyrs de la Cascade du Bois de Boulogne...
* L'Humanité du 26 septembre 1940 dénonçait encore "la volonté commune des impérialistes d'entraîner la France dans la guerre, du côté allemand ou du côté adverse sous le signe d'une prétendue résistance à l'oppresseur" (cité dans Le Parti communiste français des années sombres 1938-1941, sous la direction de Jean-Pierre Azéma, Antoine Prost et Jean-Pierre Rioux, Le Seuil, 1986)
Par ailleurs, je conseille à l'Élysée de (re)lire demain, en retour, l'Appel à la commémoration du 60e anniversaire du Programme du Conseil national de la Résistance (2004). Car la Résistance ce ne fut pas seulement la résistance à l'occupant, mais également la promesse d'"un ordre social plus juste" :
"Née de la volonté ardente des Français de refuser la défaite, la Résistance n'a pas d'autre raison d'être que la lutte quotidienne sans cesse intensifiée.
Cette mission de combat ne doit pas prendre fin à la Libération. Ce n'est, en effet, qu'en regroupant toutes ses forces autour des aspirations quasi unanimes de la Nation, que la France retrouvera son équilibre moral et social et redonnera au monde l'image de sa grandeur et la preuve de son unité.
Aussi les représentants des organisations de la Résistance, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du CNR, délibérant en assemblée plénière le 15 mars 1944, ont-ils décidé de s'unir sur le programme suivant, qui comporte à la fois un plan d'action immédiate contre l'oppresseur et les mesures destinées à instaurer, dès la Libération du territoire, un ordre social plus juste."
-> lire la suite du programme du Conseil national de la Résistance
4 commentaires
S'il faut que tout soit discuté alors ou allons-nous ?
C'est une lettre qu'un résistant à écrit à la fin de sa vie, pourquoi ne pas la lire il faut être bien étroit d'esprit pour ne pas la lire à beaucoup de jeunes qui ne comprennent pas
C'est une page bien triste de l'histoire de France .
je pense qu'avec un peu de bonne volonté nous pourrions faire de grandes choses mais je vous en prie toutes les décisions aussi banales soient-elles sont contredites comment voulez-vous que Notre Président puisse faire qqle chose .
On se réfère aux erreurs des autres mais que l'on arrête Nicolas Sarkozy nous propose de nouvelles loies alors arrêtons de polémiquer .
Je ne souhaite qu'une seule chose que nous avancions, nous avons trop longtemps stagnés .
merci de vos commentaires
Hier terroriste, aujourd'hui résistant!Ben Laden sera-t-il le résistant de demain? Ne pourrait-on relire "J'accuse" ou bien un certain nombre de poèmes de Victor Hugo ou encore lire les tags des banlieues; le "Je te viole parce que je t'aime" a-t-il une excuse? et le "Je te vole parceque je veux être riche" a-t-il une raison d'être en Somalie voire même en France,
Réfléchissons avant de sortir nos mouchoirs!
En ces temps où démagogie rime souvent avec sensiblerie, voici un article qui replace
les événements douloureux de notre histoire dans leur véritable contexte.
http://www.historia-nostra.com/index.php?option=com_content&task=view&id=582&Itemid=60
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