Les candidats du MoDem adoptent des positions divergentes pour le second tour
13 juin 2007
Comme dans l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle, les centristes se trouvent confrontés au choix entre la droite et la gauche, à l'exception bien entendu des six circonscriptions où des candidats du MoDem sont encore en lice. "Nous sommes indépendants, a martelé hier François Bayrou sur RTL. Il n'y a pas besoin de négociation avec le Parti socialiste. Il n'y a pas besoin de négociation avec l'UMP." Ajoutant, comme le 25 avril dernier : "Je ne donnerai pas de consigne de vote."
Autant il avait laissé entendre durant la campagne présidentielle que la balance penchait en faveur de Ségolène Royal ("Je ne voterai pas pour Sarkozy"), autant se garde-t-il bien, aujourd'hui, de marquer sa préférence pour l'un ou l'autre bloc. "Je n'ai pas rappelé Ségolène Royal", a-t-il ainsi indiqué à propos du message que lui a laissé, lundi, l'ex-candidate. "Non pas par manque de respect mais pour éviter toute ambiguïté, a-t-il expliqué. Parce que, évidemment, si j'avais appelé Ségolène Royal (...), on aurait cru que j'entamais un processus destiné à faire en sorte que le PS et le MoDem se retrouvent pour cette élection." La décision, hier, de l'UMP de retirer son candidat face à François Bayrou dans la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, ne l'a pas non plus incité à se rapprocher de ses anciens alliés de droite.
Localement, les candidats du MoDem éliminés ont adopté des positions divergentes. Il y a, d'abord, ceux qui, comme François Bayrou, se positionnent à équidistance de la droite et de la gauche. "Les électeurs ont voté pour moi parce que je suis indépendant et responsable, je les considère eux aussi comme responsables et indépendants, souligne ainsi Jean-François Pernin (Paris, 8e circonscription). Je leur laisse donc la liberté de vote pour le second tour."
Il y a, ensuite, ceux qui adoptent une attitude proche de celle de François Bayrou à la présidentielle : pas de consigne de vote, mais un penchant pour la gauche. "Je sais que les électeurs qui ont choisi les candidats du MoDem exerceront leur jugement pour choisir leur futur député en fonction des deux critères qui me paraissent les plus justes : la personnalité des candidats et la défense du pluralisme", plaide Marielle de Sarnez (Paris, 11e). L'expression "défense du pluralisme" permettant au MoDem et au PS de marquer leur préférence réciproque face à un candidat UMP. Lundi, le premier secrétaire du PS, François Hollande, avait déjà appelé les électeurs de son parti à "favoriser le pluralisme" dans les trois circonscriptions où l'UMP et le MoDem s'affrontent.
Dans l'Isère, le MoDem a, en outre, appelé "à faire battre tout candidat condamné par la justice", ce qui vise l'ancien maire de Grenoble Alain Carignon (UMP). D'autres candidats sont allés plus loin, comme l'ancien ministre Azouz Begag (Rhône, 3e) ou l'ex-PRG Richard Morales (Rhône, 6e), qui ont appelé à voter pour le candidat PS.
Enfin, il y a ceux qui, au contraire, voteront UMP. "Dans le respect du choix de chacun, nous appelons pour notre part à un rassemblement autour du candidat de la majorité parlementaire telle que la veulent les Français", indiquent dans un communiqué Thierry Cornillet (Drôme, 2e) et son suppléant, Claude Aurias. Sans donner de consigne de vote, Michel Canévet (Finistère, 7e) précise, lui aussi, qu'il votera "à titre personnel pour la députée sortante UMP", Hélène Tanguy. Michel Canévet est le seul candidat MoDem qui, pouvant se maintenir au second tour, a décidé de se retirer. Dans la même situation en 2002, le candidat UDF s'était alors désisté en faveur de l'UMP.
Outre ces divergences, des critiques ont déjà commencé à se faire entendre au sein du nouveau parti. Didier Bariani, président du groupe UDF-MoDem au Conseil de Paris, et Jean-Christophe Lagarde, qualifié pour le second tour dans la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis, reprochant à François Bayrou de s'intéresser trop au centre gauche et de délaisser le centre droit.
Laurent de Boissieu
© La Croix, 13/06/2007
1 commentaire
Bonjour
Pour compléter votre analyse des positions du Modem dans la 8ème circ. de Paris, je souhaite ajouter que Jean-François Pernin, le candidat UDF-MoDem, a qualifié de "particulièrement ignoble" le comportement d'Arno Klarsfeld (UMP) qui s'obstine, après une première mise en garde lundi, à invoquer la mémoire de son père Paul Pernin dans les médias d'information (Europe1, Figaro) et dans ses documents électoraux.
Jeudi, Jérôme Hébert, membre du conseil national et fondateur du Mouvement Démocrate, a apporté son soutien à Sandrine Mazetier (PS). Il était ainsi présent lors du meeting de celle-ci hier soir.
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