Clearstream
14 mai 2006
Le général Philippe Rondot confirme la version du premier ministre, selon laquelle ce dernier ne lui a jamais demandé d’enquêter sur Nicolas Sarkozy
Pour la première fois depuis le début de l’affaire Clearstream, le général Philippe Rondot a parlé à visage découvert dans un entretien publié dimanche par le Journal du Dimanche. Visiblement en colère, le militaire, qui dit avoir vainement « demandé à bénéficier du statut de témoin assisté pour avoir accès au dossier », assure d’emblée qu’il ne se rendra plus aux convocations des juges et qu’en tout état de cause il ne répondra plus à leurs questions.
Admettant qu’il a fait « quelques confusions » lors de son audition, l’ancien conseiller pour le renseignement et les opérations spéciales au ministère de la défense entend donc maintenant rétablir sa vérité sur l’affaire Clearstream. « Il y a trop de fuites, trop de manipulations, trop de publications tronquées de mes écrits ou de mes propos », explique-t-il en dénonçant ceux qui ont choisi de publier « certains extraits » de ses notes « à des fins douteuses, pour mettre en cause le président de la République, Dominique de Villepin et Michèle Alliot-Marie ».
Selon Philippe Rondot, son « ami » Jean-Louis Gergorin, ancien vice-président exécutif d’EADS, « est à l’origine de l’affaire » : « Dominique de Villepin était de bonne foi » et l’industriel « a dû le convaincre qu’il y avait quelque chose, et que, dans le doute, il fallait continuer à chercher ». Bref, le chef du gouvernement aurait été « instrumentalisé », de même que le juge Renaud Van Ruymbeke.
En se poursuivant, l’enquête a continué « à alimenter la rumeur » et Dominique de Villepin et Jacques Chirac ont été « mis en danger », reconnaît Philippe Rondot. C’est ce qui expliquerait la phrase suivante, prêtée au premier ministre le 19 juillet 2004 : « Si nous apparaissons, le PR (NDLR : président de la République) et moi, nous sautons… ». Cette explication de texte signifierait que le premier ministre était déjà convaincu qu’il s’agissait d’une manipulation. Or, d’après les extraits publiés par Le Monde des notes du général, Dominique de Villepin a évoqué jusqu’en septembre 2004, devant le militaire, la possibilité de l’authenticité des listings de comptes numérotés.
Philippe Rondot redit toutefois qu’«il n’y a jamais été question d’enquêter sur Nicolas Sarkozy ou sur les autres hommes politiques dont les noms sont apparus dans les listings ». Dominique de Villepin aurait même été « embarrassé » de voir qu’ils s’étaient « engagés dans une enquête au cours de laquelle était apparu le nom de Nicolas Sarkozy, pouvant laisser croire qu’on enquêtait sur lui ». Au sujet de la fameuse réunion du 9 janvier 2004, le général assure ainsi qu’«il n’y a pas eu de fixation sur Nicolas Sarkozy » même si « son nom a dû être cité par Gergorin et susciter un intérêt ». Une version conforme à son audition devant les juges, mais que semblent contredire ses notes, où figurerait la mention « fixation Nicolas Sarkozy ».
Enfin, Philippe Rondot affirme qu’il a « fait passer un message à Nicolas Sarkozy », par l’intermédiaire du journaliste Stéphane Denis, un de ses « petits cousins », « pour le prévenir » de son enquête. Insistant : « Stéphane Denis m’a dit qu’il avait fait passer le message ». Ce qui accréditerait l’idée que Nicolas Sarkozy aurait été mis au courant plus tôt qu’il ne le dit. Une version que conteste avec vigueur le ministre de l’intérieur.
Laurent de Boissieu
© La Croix 15/05/2006
1 commentaire
je viens vers vous au sujet de cette affaire completement "obscene". Je voulais savoir si vous aviez lu le livre de Denis Robert et ce qu vous en pensiez? En attendant votre reponse et en vous remerciant par avance je vous souhaite bonne continuation.
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