Congrès de l'UDF
28 janvier 2006
La longue marche de l'UDF vers l’indépendance
En organisant, ce week-end, à Lyon, un congrès extraordinaire de l'UDF, François Bayrou entend, encore une fois, faire valider sa stratégie par les militants. Avec, à chaque fois, le même objectif : montrer à ceux qui, au sein même du parti, contestent ses choix, que l'UDF est toute unie derrière lui. Ce vote interne revêt toutefois une dimension particulière car, pour la première fois, l'ensemble des 31 000 adhérents sont appelés à se prononcer sur une motion d'orientation politique.
C'est Gilles de Robien qui avait demandé que le différent qui l'oppose à François Bayrou soit tranché par un vote de tous les adhérents. Le clivage entre les deux hommes s'opère sur la question du positionnement politique. Pour François Bayrou, l'UDF doit incarner une "troisième voie" centriste, ni dans la majorité ni dans l'opposition. Tandis que, pour Gilles de Robien, unique ministre UDF du gouvernement, le parti doit représenter l'aile "centriste" de la majorité.
Le ministre de l'éducation nationale aurait souhaité que soit directement posée aux adhérents la question de l'appartenance de l'UDF à la majorité ou à l'opposition. Cette hypothèse ayant été écartée par le bureau politique du parti, Gilles de Robien a préféré ne pas déposer son propre texte. Une seule motion est donc soumise au vote : celle de François Bayrou.
Le congrès extraordinaire de Lyon constitue une étape supplémentaire dans la stratégie d'"indépendance" et de "rupture" de François Bayrou. Depuis qu'il a pris, en 1994, la présidence du Centre des démocrates sociaux (CDS), ancienne composante démocrate-chrétienne de l'UDF, puis celle, en 1998, de la Nouvelle UDF, François Bayrou rêve d'un "grand centre", d'une "majorité centrale" réunissant le centre gauche et le centre droit. Cette ambition s'est traduite par la présentation d'une liste autonome aux élections européennes de 1999 (9,28 % des suffrages exprimés) puis par sa candidature à l'élection présidentielle de 2002 (6,84 %). À chaque fois, la stratégie de François Bayrou a été validée à l'unanimité par les militants, du conseil national de Bordeaux en février 1999 à la convention d'Amiens en décembre 2001.
Le principe de l'"indépendance" de l'UDF a été confirmé aux élections régionales et européennes de 2004. Avant de franchir, l'année dernière, un palier supplémentaire. Le 8 juin, 21 députés UDF (sur 27) ont refusé de voter la confiance au gouvernement de Dominique de Villepin. Puis, le 23 novembre, 15 d'entre eux ont voté contre le projet de loi de finances pour 2006.
En face, les opposants successifs à la stratégie de François Bayrou ont généralement préféré adopter un profile bas et ne pas affronter le suffrage des militants. Au congrès d'Angers, en décembre 2000, Philippe Douste-Blazy, alors président du groupe UDF de l'Assemblée nationale, préféra ainsi s'éclipser au moment du vote de la base. Tandis que Gilles de Robien a indiqué qu'il ne participera pas, ce week-end, au congrès.
Laurent de Boissieu
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